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Johann Gottlieb Fichte to Katharina von Plater

Pour Madame la Comtesse de Platter ce. 10. du Juin.
Pardonnés, que je prens la liberté, de Vous écrire.
Je ne parle, ni ne parlerai peut-être jamais le François, la seule langue, qui me reste à m’expliquer avec Vous, avec la facilité, dont on à besoin dans la maison de Vôtre Excellence. – Je ne sais pas beaucoup de choses, que Vôtre Excellence a attendues du Gouverneur de Mr. Vôtre fils, parceque depuis très long-tems j’ai aimé mieux savoir quelques sciences par fond, qu’en savoir beaucoup superficiellement. Mes merites – car je me trouve a prèsent dans le seul cas imaginable, ou il soit permis de dire, qu’on en croie avoir – mes merites, si j’en ai, sont tels, qu’ils ne font pas parure, qu’ils ne sautent pas aux yeux au premier abord. Je me suis appliqué a cultiver le sens commun, à deraciner de mon esprit les préjugés de tout genre autant, qu’il seroit possible, à etudier le coeur humain, pour apprendre à élever des hommes. Mon humeur est toujours égal, mais mon air n’est pas enjoué. J’ai assez vu le grand monde, pour connoître ses dangers, mais pas assez pour avoir ses moeurs. Je possède ma langue maternelle, mais pour des autres, je me suis borné a les comprendre. Voilà le peu de chose, que je crois valoir, mais je crains, que ce ne soit rien que moins pour Vôtre maison. La première impression est faite, et elle a été très défavorable. II est naturel, que le mécontentement de Madame se communique à toute la maison, et même à Mr. Vôtre fils. Il est à present à Vous Madame à penser, si tout cela se pourra jamais redresser, si j’aurai jamais dans Vôtre maison l’éstime necessaire pour faire le grand oeuvre d’une education, si la mal-aisance, que tout cela me donnera necessairement, ne me fera pas perdre même le petit reste d’indulgence, dont je puisse encore jouir. II est à Vous à penser, si c’est par ma faute, que tout [/] cela est arrivé, et si j’aurais jamais pris la resolution de faire ce voyage, quand on m’auroit demandé autre chose, que le latin, l’histoire, la geographie, les mathematiques, et la mediocre connoissance de la langue Francoise, qu’ont dans notre payis le gens de lettres, (car en passant je puis assurer à Madame, qu’il ne se trouvera pas aisément un Gouverneur ni à Dresde, ni à Leipzig, qui la sache mieux, que moi.) et que Mr. Cori a eu lui-même en arrivant ici.
Je soumets à Vous, Madame, ces deliberations avec la resignation la plus entière. J’attendrai Vos ordres, et en cas, que Vous trouveriez, que je ne puisse pas satisfaire à Vos espérances, je m’en retournerai très volontiers dans ma patrie, si Vous voudriez bien avoir la generosité de me donner un leger dedommagement de mon tems perdu, et de mes engagements rompus, et les frais de voyage de rétour. En ce cas, je peux avoir l’honneur de Vous présenter un certain Abbé, François de Nation, qui dit d’être connu ici de plusieurs gens de qualité, qui sait le François parfaitement, et dont l’exterieur prévient tout-à-fait en sa faveur.
Daignez d’agreer le profond respect – etc. etc.
Metadata Concerning Header
  • Date: Freitag, 10. Juni 1791
  • Sender: Johann Gottlieb Fichte ·
  • Recipient: Katharina von Plater
  • Place of Dispatch: Warschau · ·
  • Place of Destination: Warschau · ·
Printed Text
  • Bibliography: Fichte, Johann Gottlieb: Gesamtausgabe der Bayerischen Akademie der Wissenschaften. Abteilung III, Bd. 1: Briefe 1775‒1793. Hg. v. Hans Jacob und Reinhard Lauth. Unter Mitwirkung v. Hans Gliwitzky und Manfred Zahn. Stuttgart 1968, S. 227‒228.
Manuscript
  • Provider: Staatsbibliothek zu Berlin - Preußischer Kulturbesitz
  • Classification Number: B 41
Language
  • French

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